mercredi 30 mars 2016

Se loger est pour chacun une nécessité vitale. Retour des expulsions



Communiqué LDH
Paris, le 29 mars  2016





Spéculer sur cette nécessité pour en faire une marchandise rentable est particulièrement scandaleux.

Cette année encore, au 31 mars, interviendra la fin de la trêve hivernale et donc à nouveau, dès le 1er avril, la reprise des expulsions locatives qui frappent les locataires du parc social comme du parc privé en impayés de loyers. Ces procédures d’expulsion sont en constante augmentation d’une année sur l’autre, proches des 130 000 décisions de justice, dont au moins 12 000 d’entre elles seront exécutées avec le concours des forces de l’ordre.
Ces expulsions locatives, sans propositions de relogement, auxquelles s’ajoutent les évacuations de terrains, squats ou bidonvilles, sans solutions dignes quand il ne reste que la rue comme refuge, vont venir gonfler la demande d’hébergement d’urgence gérée par le 115 qui se traduit par 40 000 nuitées en hôtel par jour, en hausse de 23 % en 2015 après des hausses de 27 % en 2013 et 2014. Chaque mois, ce sont aussi des centaines de femmes, parfois avec enfants, qui appellent en vain le 115.
Alors que les salaires stagnent, que le chômage perdure, les loyers privés, eux, ont augmenté de  57 % en quinze ans, entraînés par la pénurie de logements dont l’offre est dramatiquement insuffisante dans les zones tendues comme la région Ile-de-France. Cette tension sur les loyers et les charges locatives conduit à un taux d’effort excessif. Ainsi pour 3 millions de ménages, les charges atteignent 35% de leurs ressources et leur laissent un « reste à vivre » inférieur à 650 €.
Cette situation est due à une politique du logement orientée par les besoins du marché immobilier, à qui on confie le soin de loger les Français, et non par la demande sociale que ce même marché est incapable de satisfaire. On constate en effet :
- le désengagement de l’Etat dans l’aide à la construction de logements sociaux (à peine plus de 700 logements « très sociaux » ont été programmés en 2015, alors que 3 000 étaient attendus) ;
- l’acharnement soutenu du gouvernement à vouloir faire des économies sur les aides au logement dont ont  besoin les ménages pauvres et modestes ;
- le soutien sans faille à l’activité du marché immobilier par des dépenses nouvelles, comme le dispositif de défiscalisation Pinel (50 000 logements construits en 2015), qui profite principalement aux classes moyennes supérieures, voire aux ménages les plus aisés, ou encore les avantages fiscaux significatifs accordés aux banques et aux compagnies d’assurances dans l’espoir de les inciter à investir dans la pierre. Ces dépenses ont comme justificatifs  de proposer à la classe moyenne qui n’a pas les moyens d’accéder à la propriété, des loyers supérieurs aux loyers PLS des HLM mais inférieurs à ceux du marché. 
Cet espoir de relance de la construction par le capital privé qui coûte cher au contribuable (18 milliards d’euros) est - hélas ! - toujours déçu, quand on voit que la construction stagne pour atteindre péniblement 351 000 logements mis en chantier en 2015, sans réel ciblage géographique ou social de la production.
La Ligue des droits de l’Homme dénonce cette politique qui accroît les inégalités, exclut de l’accès au logement des millions de personnes à cause du manque de constructions et des prix trop élevés à l’achat comme à la location.
La LDH dénonce l’absence de volonté politique pour rendre effectif, pour tous, le droit au logement.
Un habitat digne pour chacun, garanti par la solidarité du corps social, est un préalable à l’accès à une citoyenneté effective, combat permanent de la Ligue des droits de l’Homme.
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dimanche 27 mars 2016

Le manifeste des femmes pour la paix



LE MANIFESTE DES FEMMES POUR LA PAIX
Des femmes de toutes sensibilités religieuses et philosophiques signent le manifeste pour la paix. 


J

e suis une voix de la paix parce que je suis une femme. Non que je pense que les femmes seraient par nature plus douces ou plus paisibles, mais parce que le fait d'être une femme, et de tenter d'être une femme libre, m'empêche d'adhérer à ma tradition religieuse de façon fondamentaliste et d'en lire les textes de façon littérale. En effet, je suis catholique et le catholicisme a partagé avec la société dans laquelle il s'est développé une organisation puissamment patriarcale et masculiniste qui a laissé aux femmes un statut de mineures. Si les femmes veulent s'en échapper sans renier leur foi elles sont obligées d'interpréter les textes et de relativiser les pratiques et les traditions, fussent-elles millénaires. Elles doivent chercher au-delà des mots, une intention, une vérité bonne et désirable pour la famille humaine dans son entier, hommes et femmes de quelque culture et de quelque continent qu'ils soient. Mon engagement pour la paix, c'est d'œuvrer pour que ma tradition religieuse ne soit pas une forteresse, qu'elle ne dresse pas de murs mais bâtisse des ponts et ouvre des portes. c'est de travailler pour que les textes ne deviennent pas les armes du fanatisme mais des espaces de débat et de questionnement. Dans cet engagement, je ne cesse de trouver les femmes des autres traditions religieuses monothéistes qui mènent le même combat contre les intégrismes. Voilà pourquoi je crois que les femmes ouvrent les voies de la paix.



J
e suis une voix de la paix parce que dans ces temps troublés, les opinions s'affolent, les peurs se révèlent, les haines se déchaînent. Le bruit et la fureur qui résonnent autour de nous sont aussi en nous, et par faiblesse, par lâcheté, nous refusons souvent de le reconnaître. Face à ce qui nous dérange, nous horrifie, nous culpabilise, nous sommes trop souvent tentés par le repli sur nous-même, les yeux, les oreilles et le cœur fermés à la complexité de notre monde. Nous sommes dangereusement tentés de nous raccrocher à ce qui nous conforte, nous rassure, et finalement nous exonère de nos responsabilités partagées.
Il faut cependant résolument continuer notre chemin ensemble, parce que nous n'avons finalement pas le choix. Nous ne sommes pas seulement des individus, monades isolées et imperméables à ce qui nous entoure. Chacun de nous est bien au contraire responsable de l'avenir que nous désirons tous, aussi paisible que juste, pour nous, nos proches, nos voisins, nos concitoyens, nos frères et sœurs, les êtres humains...
Pour moi, il s'agit de toujours chercher à comprendre, sans faiblesse et sans relâche : non pas excuser les failles, les erreurs, les horreurs, mais plutôt identifier les blocages, les refus, les frottements inhérents à toute société humaine afin de pouvoir mieux les dépasser. Dans mon travail, dans ma vie, je veux continuer sans relâche à tenter de démêler les malentendus et les rejets mutuels par l'approfondissement de l'étude, à travers l'écoute et l'analyse dépassionnée des faits et gestes de mes frères et sœurs humains, même les plus énigmatiques ou les plus révoltants. Comprendre avant tout pour mieux agir, ici, maintenant, et pour construire nos lendemains communs.


D
aesh impose de couper les gens en morceaux pour oublier qu'ils sont nos semblables : ceux qui ne font pas allégeance sont des simples choses, on peut les tuer sans culpabilité. Je suis une voix de la paix parce que je sais que tous les humains sont mes semblables : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous différencie. 
Qu'est-ce qu'on se ressemble, au-delà de nos différences...
Daesh prétend détenir la vérité et être supérieur aux autres musulmans, aux juifs, aux chrétiens, et bien entendu aux athées. Je suis une voix de la paix parce que j'ai compris que c'est toujours l'humain qui interprète sa religion : je comprends mon islam à partir de ce que je suis et de ce que je vis. Même si le texte est divin, l'interprétation est toujours humaine... et donc subjective.
Daesh déclare : nous gagnerons parce que nous aimons la mort plus que vous n'aimez la vie.
Je suis une voix de la paix parce que je prouve que la vie est toujours plus forte que la mort. Dans le Coran, Dieu nous dit que lorsque ce sera la fin du monde, il faudra encore planter un arbre. C'est la vie qui prime sur le néant.
Je suis une voix de la paix parce que chaque jour, je prouve à des dizaines de jeunes que la fuite ne donne pas d'ailes. Je me dresse devant eux pour qu'ils restent plantés dans le monde réel. Pour rester humanisé, il faut rester lié à l'humanité.
Reviens dans la chaine humaine : c'est sur terre que ça se passe, en tous cas pour le moment, et ceci grâce à Dieu.


J
e suis une voix de la paix parce que je suis une femme, une mère, une enseignante de conviction laïque !
Parce qu'être laïque c'est respecter la liberté de conscience de tous, toutes et de chacun, chacune, d'avoir la liberté de croire, de ne pas croire ou de changer de religion. C'est aussi respecter la liberté de penser et de s'exprimer !
Parce qu'être laïque c'est être à l'écoute de l'autre, pour le comprendre et pour qu'il me comprenne, pour rapprocher nos points de vue sans nous renier l'un/e l'autre dans notre être, nos identités et nos convictions.
Parce qu'être laïque c'est refuser les dogmes car la laïcité n'est pas une option spirituelle particulière mais la condition de l'existence de toutes les options.
Parce qu'être laïque c'est être tolérant/e, c'est écouter et faire un pas vers l'autre mais la tolérance ne signifie pas que j'accepte automatiquement le point de vue de l'autre, Le mouvement de chacun décloisonne et permet de combattre sans l'afficher le dogmatisme assuré de celui qui détiendrait seul LA vérité. Etre tolérant/e c'est accepter la pluralité des philosophies, des cultures et des croyances.
Parce qu'être laïque c'est (s')éduquer pour privilégier le raisonnement, l'esprit critique, la réflexion personnelle pour préparer le dialogue inter-culturel, inter-convictionnel qui conditionne la volonté de vivre ensemble en reconnaissant la richesse des différences.
Parce qu'être laïque, mère, et enseignante, c'est éduquer par l'intermédiaire des autres et du monde. C'est donner les moyens de comprendre et de se questionner sur soi-même, sa culture, ses propres représentations pour construire son propre jugement éclairé et faire des choix. C'est l'exigence de permettre à chacun d'être libre.
Parce qu'être laïque c'est vouloir vivre ensemble, c'est vouloir vivre en démocratie et en paix. La paix est œuvre de volonté et mes actions y contribuent. Cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité. Aussi je vis ma laïcité par l'action, non pas au nom de commandements divins ou de nécessités morales, mais au nom de l'intérêt général : vivre ensemble dans un monde plus juste.



J
e me joins aux voix de la paix parce que j'estime que tout espoir nous est permis : nous sommes des êtres impermanents et dotés d'un énorme potentiel. Nous pouvons donc progresser. 
Des attentats inadmissibles nous ont endeuillés, mais nous tous qui sommes ici, en répondant à l'agression par le dialogue, nous démontrons que la violence ou le repli sur soi ne sont pas des fatalités.
Au contraire, nous pouvons espérer aboutir à une paix extérieure si nous commençons par établir la paix en nous-mêmes, en observant l'éthique.
Nous avons la chance de vivre en France, qui nous garantit toutes libertés individuelles. Ici, nous pouvons exposer et proposer publiquement nos opinions, politiques ou religieuses, et élargir nos compréhensions en écoutant les autres, sans a priori.
Les clefs de l'autonomie intellectuelle sont l'instruction et l'éducation. Je rêve de programmes scolaires qui donneraient la priorité à l'apprentissage, au respect, à la solidarité et au discernement. Le respect de soi, d'autrui, de l'environnement, cela s'apprend. Le décryptage des informations, aussi.
De par son histoire et sa situation géographique, notre pays est une terre de passage et d'immigration. A chaque génération, des personnalités d'origine étrangère contribuent à l'éclat de la France dans tous les domaines, de l'art au sport, des sciences à la politique. Les nouveaux arrivants enrichissent le patrimoine national de leurs compétences. Accueillons-les avec joie et gratitude, et nous serons tous gagnants.


J
e suis une voix de la paix parce que le spectacle de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants jetés sur les routes pour fuir la guerre et la violence qu'elle engendre m'est intolérable. Hier en noir et blanc, aujourd'hui en couleur et pourquoi pas demain en 3D, chaque image nous interpelle. Rien ne peut justifier ce déni d'humanité qui consiste à considérer ces réfugiés comme des envahisseurs, à les parquer derrière des barbelés ou à les rejeter comme des marchandises illégales. Je suis, nous sommes, de la même humanité qu'eux et leur détresse traverse les époques et les pays. Leur destin est notre avenir.
Je suis une voix de la paix parce que les attentats de l'année 2015 ne doivent pas donner raison à celles et à ceux qui font de la mort leur raison de vivre. Agissons pour que ces dramatiques événements ne nous dressent pas les uns contre les autres et qu'ils n'accroissent pas le sentiment d'exclusion que vit une partie de notre peuple. Travaillons à construire ensemble un chemin qui donne à la paix et à l'égalité des droits toute leur place. Engageons-nous en faveur d'une France solidaire, accueillante, libre et fraternelle, forte parce qu'ouverte à l'Autre. C'est le triple souhait qu'en tant que Présidente de la Ligue des Droits de l'Homme je formule aujourd'hui.


J
e suis une voix de la paix parce que celles qui ne le sont pas font depuis trop longtemps autour de nous un bruit assourdissant, dans le vacarme de certitudes inquestionnées, de monologues agressifs et de revendications particularistes.
Je suis une voix de la paix parce que je crois à la force d'un débat d'idées qui ferait de la place à l'autre. Dans le Talmud, ce dialogue est magnifiquement incarné par l'affrontement incessant entre deux écoles de sagesse, celle d'Hillel et celle de Shammaï. On raconte que l'avis de la première école finit par l'emporter sur la seconde : parce que, disent les sages, les élèves de Hillel étaient capables de citer les arguments de Shammaï avant les leurs. En clair, le désaccord est fertile tant qu'il n'éclipse pas la voix de l'Autre.
Ne pas éclipser la voix de l'Autre, c'est ce projet que les pensées religieuses pourraient véhiculer dans notre société... à condition de reconnaître la façon dont elles produisent elles-mêmes si souvent cette oblitération.
Au cœur de nos traditions, le féminin a été longtemps le visage de cet effacement, et reste, bien trop souvent, le genre de l'éclipse. Or, un système de pensée ou de croyance qui ne fait pas de place aux femmes n'en fera à aucune altérité. En cela, les voix féminines de nos traditions doivent être entendues. Elles rappellent que tout discours monolithique, dans sa négation de la pluralité des voix, pave la route de tous les fondamentalismes.


J
e suis une voix de la paix parce que nous vivons un moment où il faut donner de la voix, ensemble !
Pour crever les silences atterrés, les silences déprimants de celles et ceux qui se résignent à la montée des injustices, à la multiplication des fractures.
Pour couvrir les voix de ceux qui utilisent des mots de peur ou de haine pour rejeter « l'autre », l'étranger, pour lui faire comprendre qu'il est « indésirable » ici et nous faire croire qu'il serait un danger ou une menace et que, de toutes façons, notre barque serait pleine.
Dans ce temps de « crises » humanitaires, politiques, morales où les risques du pire sont bien réels, je suis une voix de la paix quand j'affirme que nous sommes beaucoup plus nombreux que l'on ne croit à porter, en paroles et en actes, un autre message.
A commencer par des choses simples.
Dire que l'étranger, réfugié, immigré, est d'abord une personne humaine avec un nom, une histoire, une famille. Comme chacun d'entre nous. Avec les mêmes aspirations, les mêmes rêves d'une vie dans la dignité et la sécurité, d'un avenir porteur d'espérance.
Rappeler que l'étranger s'inscrit dans notre histoire de France qui s'écrit et se nourrit depuis des siècles avec les forces vives, les connaissances et les richesses culturelles de la diversité de ses habitants.
Je suis, nous sommes des voix de la paix quand nous utilisons les mots de solidarité, de fraternité, d'hospitalité et que nous posons des actes derrière les mots. Individuellement et collectivement.
Quand nous entreprenons des initiatives qui montrent que le « bien vivre ensemble » est possible. qu'il se construit progressivement sans nier les difficultés pour les uns et les autres mais en recherchant le bien commun pour tous.
Ouand nous redécouvrons que l'hospitalité c'est bien d'avantage que d'ouvrir la porte de chez soi pour partager un peu de ses richesses, mais c'est de faire du « chez soi » initial un « chez nous » où l'on permet à l'hôte accueilli de partager aussi ses richesses avec son histoire, son courage et sa force de vie.


J
'ai le souvenir de toutes vos guerres. J'en porte les stigmates dans mon cœur et sur mon corps. Je suis une femme cousue de peurs. J'ai consigné les nom des enfants que vous m'avez pris. Des terres que vous m'avez saccagées. Des cieux que, de vos haines, vous avez obscurcis. J'ai dans l'oreille le bruit de vos bottes et le fracas de vos armes qui jettent l'effroi dans ma maison. Vous avez fait de moi la veuve et l'orpheline. Vous avez fait de moi l'enjeu de batailles dans lesquelles je ne reconnais rien ni personne, même pas mon Seigneur. Par contre, j'y devine le vôtre, un Dieu toujours en campagne qui ne se soucie point du sort de la femme que je suis.
Vous ne voulez pas m'écouter ni sécher mes larmes. Vous vous sentez si forts ! Et excellez dans l'art de tuer. Mais qui a dit que tel est l'honneur ! Ni que tel est le Désir de Dieu. C'est l'élégance qui ne vous tue pas. Ni le respect envers celle qui vous a engendrés.
Sachez que, aujourd'hui, je veux faire entendre la voix de la paix contre celle de l'épée. Je veux réclamer ma dignité de femme, d'épouse et de mère. Je refuse de subir avec le mutisme forcé de la victime et du témoin impuissant. Daignez donc que je sorte de ma cuisine pour vous appeler à la raison. Daignez que je vous remplace à ce banquet où vous faites couler le sang là où je veux nourrir mes petits.
Tel sera mon pari. Et celui de toutes les femmes. Le pari de vous persuader qu'on peut avoir la tête haute sans le calibre au poing. Celui de maintenir le fil qui nous sépare tous du chaos. Celui de signer de mon nom le seul pacte qui vaille : le Manifeste pour la Vie.
Au 5e siècle avant J.C., la grecque Lysistrata avait lancé cet oracle :« Quand la guerre sera l'affaire des femmes, elle s'appellera la paix ». Que de prières et de larmes faudra-t-il encore pour que notre siècle lui donne raison !


Christine Pedotti
Valentine Zuber
Dounla Bouzar

Carole Coupez
Marie-Stella Boussemart
Françoise Dumont

Delphine Horvilleur
Geneviève Jacques
Fawzia Zouari

MARDI 22 MARS 2016 - MAIRIE DE PARIS

lundi 21 mars 2016

Bouches cousues : Résistons ensemble


Voici en pdf, le n°150, Mars 2016, du petit journal mobile recto-verso A4 "Résistons ensemble", du réseau contre les violences policières et sécuritaires. Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement. Vous êtes invité-e-s à participer à son élaboration, à sa rédaction, à se joindre à l'équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions.

> Télécharger ce bulletin au format pdf



"Bouches cousues" 
Résistons ensemble / bulletin numéro 150 / mars 2016













"Bouches cousues" 

Ils vous regardent, ils nous regardent, en plein dans les yeux, la photo est bonne. Ils sont huit, ils sont iraniens, incapables désormais de manger, de boire, de crier ou de parler, car ils se sont cousu la bouche. En zigzag, avec des grosses aiguilles, méticuleusement. Ils étaient parmi les premiers à être chassés de la « jungle » de Calais à coups de bulldozers entourés d’une armada de CRS.
Leur message vaut mille affiches, tracts, déclarations, mille analyses. Ce sont les bombardements, les meurtres d’Irak et de Syrie, d’Érythrée, d’Afghanistan, du Yémen… qu’ils nous envoient dans la gueule. Ils nous disent attention, votre pays, un des piliers de la barbarie mondiale, est en train de faire naufrage. Les bulldozers des CRS qui éventrent nos pauvres tentes, cabanes, notre école, nos boutiques en tissu, notre bric-à-brac, une fois lancés, vont se retourner contre vous, contre vos maisons, contre vos enfants.
Les barbelés qui s’installent aux frontières, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’« Union », les bateaux de guerre qui patrouillent sur les eaux bleues de la Méditerranée nous chassent, mais ils se préparent à vous chasser, vous aussi. Les 10 000 mineurs réfugiés « disparus » en Europe sont devenus esclaves au travail, esclaves sexuel. C’est le sort que la barbarie mondiale prépare pour vos enfants aussi. Nous ne sommes que des cobayes, plus mal traités que des animaux de laboratoire. Mais comme c’est toujours le cas avec les cobayes, les États expérimentent le traitement qui vise à être généralisé pour tous.
Chaque jour qui passe, les bulldozers grignotent la « jungle ». Pourtant il n’y pas grand monde. Justes des « Nos borders », venant aussi de l’autre côté de la Manche, des organisations humanitaires, des habitants solidaires, des militants… tous courageux. Tout l’honneur est à eux. Mais où est l’armada des partis, les femmes et hommes de gôche, d’extrême gauche ? Où sont les syndicats alors que les bandes fascistes et la police agressent et violentent impunément les réfugiés ? Alors que leurs quelques soutiens sont traînés devant la justice ? À part quelques exceptions, ils pataugent tous, aveuglement dans les merdouilles électorales de 2017.
C’est clair, même si les batailles, comme celle contre le nouveau code de travail, sont justes, vitales, si ne nous élevons pas contre la barbarie dans et hors des frontières de l’Hexagone, si nous ne considérons pas, en paroles et en actes, les millions de réfugiés comme étant la chair de notre chair… nous partagerons, à terme, leur sort. Ils sont « trop nombreux », dit-on pour excuser l’inaction, mais, pas d’illusions, nous sommes, nous serons tous « trop nombreux » pour les monstres capitalistes.
Les 8 iraniens, ces bouches cousues, nous disent : « We are humans », « Where is your freedom ? » « Where is your democracy ? », « Nous sommes des humains, où est votre liberté ? Où est votre démocratie ? ». D’accord, ça fait mal de revenir aux nobles buts des siècles derniers, que beaucoup considéraient, à tort, comme des acquis, mais si on ne se concentre pas, ici et au-delà des frontières maudites, sans distinction d’origine ni de « race » ou de religion, sur ces objectifs « simples », on est fichu. L’aigle noir de la barbarie rode déjà, sans vergogne, impitoyable, dans nos cieux. 

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samedi 19 mars 2016

Le sculpteur syrien Nizar Ali Badr


Extrait de l'article Les pierres de l'artiste syrien Nizar Ali Badr
par Naz Oke sur www.kedistan.net


Le sculpteur syrien Nizar Ali Badr est un homme discret. Les mots ne sont pas son truc. Lui c’est les pierres.
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Je ne sais rien de lui, ni d’où il vient exactement, ni où il est juste maintenant. Je trouve sa trace sur deux, trois sites turcs. Emus par ses compositions sur les réfugiés syriens, ils présentent Nizar Ali comme « migrant ».

Sur son Facebook je vois qu’il habite à Lattaquié en Syrie. Y est-il encore ? Sinon, où a-t-il atterri ? J’aurais voulu tellement en savoir plus. Je ne parle pas l’arabe. J’essaye alors désespérément de déchiffrer ses rares mots en traduisant avec des outils médiocres. Malgré l’approximation des traductions, je ressens la sagesse, la simplicité, une immense amour pour l’humanité, et l’espoir. Ces mots rejoignent totalement la poésie qui découle de singulières pierres, touchées par les mains d’artiste.
Je finis enfin par trouver quelques photos de lui, fondues au milieu d’une inimaginable collection de compositions de galets et de pierres sculptées.
Nizar Ali, raconte la vie.
Nizar Ali raconte la vie avec des pierres.
Je suis sûre que vous avez quelques cailloux chez vous. Nous en avons toutes et tous. Quelques unes de ces pierres que nous avons ramassées à toutes les époques de notre vie, souvent sans savoir pourquoi. Celles qui ont rempli nos paumes d’enfant, celles qui ont titillé nos yeux d’adulte, celles que nous avons oubliées au fond d’une poche au retour à la maison. Et celle que nous voulons absolument garder, qui est posée sur un meuble. Notre préférée.    


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« Le droit à l'éducation des enfants Roms menacé par des expulsions incessantes »


Paris, le 10 mars 2016

Madame la Ministre,

La Ligue des droits de l’Homme tient à vous exprimer sa plus vive inquiétude concernant les conditions dans lesquelles est respecté, pour les enfants roms (ou supposés tels), le droit fondamental à l’éducation.
Vivant avec leurs parents dans une grande précarité, ces enfants voient ce droit fondamental menacé par des expulsions incessantes. Pourtant, la législation française soumet à l’obligation scolaire tout enfant, français ou étranger, âgé de 6 à 16 ans et résidant sur le territoire national. Par ailleurs, la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide), ratifiée par la France, prévoit pour chaque enfant le droit à l’éducation.
Dans un communiqué de presse du 12 janvier dernier, la LDH recensait les évacuations forcées de lieux de vie occupés par des Roms (ou perçus comme tels) et en dénonçait le caractère indigne, inhumain et dégradant. Durant l’année 2015, 60 % des personnes recensées occupant des bidonvilles ont été évacuées de force. Et la liste s’allonge. En effet, selon notre dernier recensement, 2 582 personnes ont été évacuées de force de leurs bidonvilles durant les mois de janvier et février 2016, soit environ 300 personnes par semaine. Nous estimons qu’un tiers de ces personnes sont des enfants.
Malgré les structures spécifiques mises en place par l’Education nationale, les enfants roms doivent parcourir un chemin semé d’embûches pour entrer dans une salle de classe. Si l’on veut que leur scolarisation ne reste pas le vœu pieux d’un texte officiel, il faut accomplir tout un travail préalable qui n’est, pour l’instant, réalisé par aucun service de l’Etat: identifier les familles avec des enfants scolarisables, les informer et les accompagner pour les formalités administratives. Ce sont les militants associatifs qui accomplissent ce travail.
Nous vous exposons en annexe le cas de Wissous, qui est emblématique à cet égard. Mais nous retrouvons cette même situation dans beaucoup d’autres endroits sur tout le territoire national.
Sans ces militants, sans leur forte implication, la scolarisation des enfants roms aurait été impossible. De plus, les résultats scolaires sont encourageants. Les enseignants soulignent fréquemment les progrès importants réalisés par les enfants, notamment dans la maîtrise de la langue française.

Cependant, ce travail et ces résultats sont anéantis par les expulsions continues des bidonvilles. Les services préfectoraux des départements qui prêtent le concours de la force publique à ces évacuations prennent ainsi la responsabilité d’un terrible gâchis : la scolarisation des enfants sera interrompue, voire définitivement arrêtée. A quelle nécessité impérieuse répond le besoin de les expulser en hiver, en pleine année scolaire, et de compromettre ainsi les premières pierres de l’intégration et de l’accès à la formation ?
Les organisations internationales dénoncent elles aussi fermement ces expulsions. Dans sa lettre à M. B. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, en date du 26 février 2016, le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe constate qu’elles « interrompent les parcours scolaires des enfants roms, compromettent le suivi médical et fragilisent le maintien dans l’emploi ». Dans le rapport de l’Unicef, qui rassemble plusieurs contributions d’experts sur la situation des droits de l’enfant en France, « les enfants peuvent bien attendre ».
Olivier Peyroux, sociologue spécialiste de la thématique des mineurs migrants, pointe « une politique qui s’est intensifiée sous le gouvernement actuel [et] va à l’encontre du principe de l’obligation scolaire faisant pourtant partie des droits fondamentaux. […] Une étude du collectif Romeurope montre que moins de la moitié des enfants roms vivant en France, en âge d’être scolarisés, le sont. La principale raison n’est pas due à des parents réfractaires mais provient du refus de nombreuses municipalités, toutes couleurs politiques confondues, d’inscrire ces enfants par peur de pérenniser l’installation des Roms sur leur commune ».
Madame la Ministre, nous nous adressons à vous parce que nous attendons de l’Etat français et des collectivités territoriales qu’ils respectent les droits fondamentaux des personnes vivant sur le territoire national et, en premier lieu, le droit à l’éducation, devant lequel tous les enfants doivent être égaux.
Nous vous demandons de porter cette parole auprès de vos homologues du gouvernement pour que cessent ces politiques de déplacement systématique qui compromettent la scolarisation, voire la rendent impossible.
Nous vous demandons, enfin, de veiller à ce que tous ces enfants roms puissent sereinement continuer leurs parcours scolaires avec leurs camarades, leurs professeurs, au sein des établissements dans lesquels ils ont, parfois difficilement mais sûrement, pris leur place.
Compte tenu des circonstances, vous comprendrez, Madame la Ministre, que nous rendions cette lettre publique.
Je vous prie de croire, Madame la Ministre, en l’expression de ma haute considération.

Françoise Dumont
Présidente de la LDH

Cas de Wissous 



L’exemple de Wissous est emblématique de l’énorme travail accompli par les militants associatifs pour parvenir à scolariser régulièrement plus de trente enfants, les conduire chaque jour en classe dans leurs propres véhicules puisqu’ils ne pouvaient pas emprunter le car scolaire de la ville. Ils ont ensuite réalisé un important travail d’interface avec l’Education nationale. En ce qui concerne la situation au collège, la lenteur de la réaction de la DSDEN 91 et le refus d’ouvrir une UPE2A-NSA ont été préjudiciables : évalués le 11 septembre dernier par le Casnav, sept collégiens ont été affectés le 17 novembre seulement, dans une classe UPE2A, déjà surchargée.
Le tribunal administratif de Versailles vient de rejeter (le 1er mars dernier) la requête en référé de familles roms visant à surseoir à leur expulsion de Wissous jusqu’au jugement d’un recours qu’elles ont déposé sur le fond. Elles ont été expulsées le 3 mars 2016.

mercredi 16 mars 2016

Conseils en manif - mars 2016

Par "REBELLYON-INFO"

Prenons nos précautions quand on sort pour une manif, une action, ou autre. Face à la police, face à la justice... réduisons les risques ! Mise à jour du tract (dispo en pdf à la fin de l’article) de Témoins - la Caisse de solidarité.

Quelques conseils...

... AVANT LA MANIF

Éviter de venir seul.e. Former des binômes et trinômes (personnes se connaissant et ayant les mêmes objectifs), si possible venir en plus grand groupe et fixer un rencard d’après-manif pour voir si tout le monde va bien.
Éviter d’amener agenda, carnet d’adresses, tracts et papiers compromettants. Les portables sont utiles, mais attention à les éteindre en cas d’arrestation. De l’eau, de la bouffe et un foulard peuvent être utiles, ainsi que du sérum physiologique. Avoir des chaussures adaptées et éviter de porter des vêtements trop amples. Emporter le nom ou le numéro d’un avocat et de la commission anti-répression (si elle existe).

... PENDANT LA MANIF

Rester mobile et attentif.ve à « l’environnement » : ’’forces de l’ordre’’ (CRS, BAC, RG...), vidéosurveillance urbaine, téléphones portables, go-pro ... Avec leurs caméras, les flics fichent les manifestant.e.s : se masquer le visage peut être utile.

La première arme de la police, c'est la peur. Sirènes, fusées, grenades assourdissantes et intimidations orales sont surtout des techniques de dissuasion. Face à cela, essayer de rester le plus calme possible, même dans les mouvements de foule ; éviter de crier ou de courir inutilement (cela augmente le stress collectif). Ne pas céder à la panique...La peur est naturelle mais on peut apprendre à la canaliser (chanter ensemble, crier des slogans...). 

Une charge de police dépasse rarement 50 m donc il est inutile de courir plus loin ; il vaut mieux marcher groupé.e.s et éviter de laisser des personnes isolées derrière le groupe. La BAC est là pour interpeller : ils agissent en roue libre avant de se replier derrière les lignes de CRS/GM, rester groupé.e.s face à elle, former des chaînes si nécessaire, c’est un bon moyen d’éviter les arrestations.
Les lacrymos sont souvent très localisées, il suffit de se décaler de quelques mètres pour les éviter. En cas de gazage, respirer au travers d’un tissu imbibé d’eau (attention ! si le citron fait du bien sur le coup, l’association citron+lacrymos est très nocive). Les lacrymos collent à la peau et aux tissus, il faut donc éviter de se toucher les yeux et les lèvres avec des mains ou des vêtements contaminés. Se rincer la peau avec de l’eau. Pour les yeux, le mieux est le sérum physiologique, sinon on peut utiliser de l’eau (éventuellement mélanger à du Malox). Rester toujours attentif.ve aux autres manifestant.es : l’entraide est essentielle. Si on voit une arrestation, on peut s’y opposer en agrippant la personne et en interpellant les gens autour. Mais attention, ça ne sert à rien de jouer les zorros... et de se faire serrer aussi.
Si rien ne peut être tenté, demander à la personne de crier son nom et son adresse puis donner ces infos à la commission « anti-répression » ; si il n’y en a pas, contactez-nous. Cela aide à accélérer l’aide juridique (préparer un dossier, discuter de la défense...) et l’ami.e incarcéré.e se sentira moins seul.e. Si on est arrêté.e, crier son nom aux témoins, et éviter les insultes et les coups : l’« outrage et rébellion » est l’arme judiciaire préférée des flics pour charger un dossier.

... EN CAS DE GARDE A VUE

La durée maximale d’un contrôle d’identité est de 4 h ; une garde-à-vue peut durer 24 h, prolongeables jusqu’à 48 h. Depuis la réforme de la GAV en 2011, il est possible d’exiger la présence d’un avocat dès le début de la GAV et pendant les interrogatoires ; il a 2 h pour arriver. Dans les faits, les flics peuvent insister pour commencer sans lui, sous prétexte qu’il n’est pas joignable, et débuter une audition. Ne pas céder sur ce point. Rester vigilant.e même en présence d’un avocat : un avocat peu soucieux de la situation vous conseillera peut-être de tout dire, ou de donner votre ADN… Demander à voir un médecin (si cette demande n’est pas satisfaite il y a vice de procédure... et ça fait toujours du bien de rencontrer des gens).
Il faut savoir que tout ce que vous direz lors d’une audition sera utilisé ensuite par un juge pour vous condamner. La loi n’oblige qu’à donner ses noms, date de naissance et adresse. Une des techniques policières employées est de vous inciter à reconnaître ce qui vous est reproché pour sortir plus vite de garde à vue. Accepter est un mauvais calcul.
Malgré toutes les pressions des flics on a évidemment le droit de ne rien déclarer. Attention, les flics manipulent souvent les Procès-Verbaux, il faut bien les relire avant d’éventuellement les signer. Il est quasi impossible de revenir, lors d’un procès, sur des déclarations faites au cours d’une garde à vue.
Le fichage génétique (ADN) est un grand pas vers la surveillance totale. Même si refuser de donner son ADN aux flics constitue un délit (un an de prison et 15 000 euros d’amende), les poursuites ne sont pas systématiques, et les condamnations sont souvent légères ( une amende de quelques centaines d’euros...) quand la.e prévenu.e invoque un refus du fichage génétique et est soutenu.e par des associations, syndicats… Là aussi, la Caisse de Solidarité ou - s’il y en a une - la commission « anti-répression » de votre mouvement sont là pour organiser la solidarité en cas de condamnation pour refus ADN.
En règle générale il vaut mieux demander à reporter la comparution immédiate pour préparer sa défense car les condamnations sont en moyenne plus lourdes lors de celles-ci. Il faut que vous jugiez selon la gravité des faits, le contexte de l’arrestation et les garanties de représentation (information qui prouvent que vous ne risquez pas de ne pas vous présenter à votre jugement : attestation de travail, formation, logement...) que vous pouvez fournir, on encourt alors le risque d’une détention préventive (quelques semaines). D’où l’importance aussi de préparer un dossier solide lorsque vos ami.es sont arrêté.es pour confirmer les garanties de représentation.

... APRES LA MANIF

Changer ses vêtements si nécessaire, éviter de rentrer seul.e chez soi. C’est souvent bien de trouver un moment pour discuter de la manif et de nos ressentis, et pour s’organiser pour la prochaine

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Violences policières : brisons le silence ! L'ACAT lance sa campagne


A l'heure où le gouvernement veut étendre le droit  de la police : "Policiers et gendarmes se verraient reconnaître une irresponsabilité pénale" Lorsqu'ils font recours à leurs armes hors cas de légitime défense. Fouilles de bagages et de véhicules sans passer par le procureur. Les forces de l'ordre peuvent retenir une personne sans pièces d'identité pendant 4 heures. La nouveauté, c'est qu'elles pourront aussi le faire si cette personne, même mineure, et hors de présence d'un avocat, a une pièce d'identité. A la raison assez flou qu'il y ait "des raisons sérieuses" de penser qu'elle a un lien avec une activité terroriste. L'ACAT publie un rapport pour briser le silence sur les violences policières


Violences policières : un constat accablant



Pendant 18 mois, l'ACAT a réalisé un état des lieux des violences policières en France. Au terme de son enquête, elle publie un rapport intitulé "L'ordre et la force" pour briser le silence autour de cette question. 
Ce rapport repose sur l'analyse de 89 cas d'utilisation excessive de la force par la police et la gendarmerie. Il met en évidence dans quelles conditions, avec quelles méthodes et quelles armes sont commises les violences policières. Au regard du bilan humain de l'utilisation de certaines armes (Flashball, Taser) et gestes d'immbolisation, l'ACAT considère que des réformes doivent être engagées pour les encadrer plus strictement. Ce rapport met aussi en lumière l'impunité des forces de l'ordre. Sur les 89 situations examinées, seules 6 ont fait l'objet de condamnations à ce jour. 


Pourquoi l'ACAT enquête sur les violences policières en France ?            




  • Parce que les dégâts infligés par les armes intermédiaires telles que le flashball ou le Taser sont démesurés par rapport aux enjeux policiers auxquels ils répondent
  • Parce que certains gestes d’immobilisation (pliage et plaquage ventral) tuent encore 
  • Parce que lorsque les victimes ou leurs familles portent plainte, elles sont confrontées à un véritable parcours du combattant
  • Parce que les sanctions contre les représentants de la loi sont aussi rares que faibles 
  • Parce que la question de l’usage de la force par la police en France est marquée par une opacité profonde et un manque de transparence flagrant 
  • Parce que prévenir la torture dans une démocratie suppose une vigilance face aux mauvais traitements infligés par les représentants des forces de l’ordre.
Pour toutes ces raisons, nous devons lutter contre les violences policières.


Vous aussi, agissez !

Partagez la vidéo "Violences policières, non merci!", signez la pétition "Exigeons la transparence" et faites un premier pas vers une prise de conscience collective! 


Crée en 1974 l'ACAT est une ONG chrétienne œcuménique de défense des droits de l'homme qui se bat pour faire reculer la torture, la peine de mort, défendre le droit d'asile et promouvoir le respect de la dignité de chacun.



mercredi 9 mars 2016

Le bateau des femmes pour Gaza

Soutien à la Flottille de la liberté, le Bateau des femmes pour Gaza

Dans la continuation des Flottilles de la Liberté qui depuis 2008 ont tenté de se rendre à Gaza pour témoigner de la solidarité internationale aux Palestiniens de Gaza sous blocus depuis 2006, un bateau va à nouveau prendre la mer d’ici quelques mois.
Afin de mettre en évidence la situation dramatique et injuste imposée aux deux millions de civils qui survivent dans Gaza en ruines, des femmes ont choisi de tenter une nouvelle fois de briser le blocus. Navigatrices et passagères, personnalités et « simples » citoyennes, elles apportent aux femmes de Gaza un message d’espoir : Gaza, la Palestine, n’est pas seule. Des femmes de par le monde attachées à la justice et au droit international les soutiennent et demandent la levée immédiate du blocus.
La Plateforme des ONG françaises pour la Palestine appuie cette démarche citoyenne, humaine et universaliste, elle appelle les citoyennes et citoyens de France et leurs dirigeants à soutenir la belle initiative du « Bateau des Femmes pour Gaza ».
8 mars 2016, journée internationale des droits des femmes

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Le Bateau des femmes pour Gaza lèvera l’ancre en septembre 2016Les femmes québécoises et palestiniennes demandent la fin du blocus et l’occupation




Montréal, le 7 mars 2016 – Des organisations québécoises et canadiennes se joignent à une coalition internationale pour mettre en œuvre le Bateau des femmes pour Gaza, dans l’objectif de mettre fin au blocus de la Bande de Gaza. Par l’organisation d’événements et fort.e.s du soutien de femmes, d’hommes, d’ONG, de groupes de la société civile et d’associations de femmes à travers le monde, le Bateau lèvera l’ancre en septembre 2016.
Le Bateau des femmes pour Gaza, ce sont des femmes du monde entier qui tiennent à rendre visible l’esprit de résistance indomptable des femmes palestiniennes, à leur manifester leur solidarité, à leur faire parvenir un message d’espoir jusque derrière les murs de leur prison à Gaza.
Le blocus doit être levé, mais même levé, Gaza continuera d’être un territoire occupé par Israël. En solidarité avec l’ensemble du peuple palestinien, il nous faut continuer la lutte pour  que les Palestiniennes et les Palestiniens, où qu’ils soient, recouvrent la totalité de leurs droits. Les groupes québécois exigent donc la fin de l’occupation, de la colonisation, le démantèlement du mur, le respect du droit de retour des réfugié.e.s (résolution 194 de l’ONU) et la reconnaissance du droit des citoyen.ne.s arabo-palestiniens d’Israël à une égalité totale. 
À Gaza, les conditions de vie sont déplorables depuis l’imposition du blocus en 2007 et cela affecte en particulier les femmes : sans liberté, sans paix et sans ressources essentielles pour assurer une vie digne, Israël contrôlant tout. L’insécurité alimentaire y est de modérée à grave. Les multiples agressions militaires y ont détruit toutes les infrastructures essentielles à une vie en société : maisons, hôpitaux et cliniques, centrales électriques, usines de filtration d’eau, écoles et universités, entreprises, commerces, etc.  
La vie des Palestinien.ne.s de Gaza est un enfer et un combat permanent, et pourtant, les femmes continuent de porter leur famille à bout de bras et refusent de disparaître. Elles inspirent espoir, force et détermination devant les innombrables injustices. Agir à leurs côtés est une question de dignité pour toutes et tous.  


Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
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Membres : Amani, Artisans du Monde, AURDIP, AFPS, AJPF, Cedetim, CEMEA, Cimade, CICUP, CCFD-Terre Solidaire, CBSP, CVPR-PO, Comité Gaza Jérusalem Méditerranée, Enfants Réseau Monde/Services, FSGT, Génération Palestine, LDH, LIFPL-section française, MRAP, Mouvement de la Paix, MIR, MAN, Pax Christi France, Secours Catholique-Caritas France, SIDI, Terre des Hommes France, UJFP.



Observateurs : ACAT, Agir ensemble pour les droits de l'Homme, Amnesty International France, Association Pour Jérusalem, Afran-Saurel, CRID, Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine, Francas, GAIC, Handicap International, Médecins du Monde, PUI, Ritimo.